Pour aller plus loin...

Cet article a donc montré que suite à un traumatisme crânien léger les souris juvéniles mâles de 17 jours développaient une astrogliose réactionnelle (caractérisée par une hypertrophie astrocytaire et une augmentation de GFAP) en l'absence d'une prolifération des astrocytes. Cette astrogliose réactionnelle suit un gradient spatio-temporel (comme pour les traumatismes crâniens sévères). Enfin, il a pu être mis en évidence une atteinte tissulaire (i.e. de la substance grise) jusqu'à 30 jours après le traumatisme.

Il pourrait être envisagé alors d'intégrer au modèle CHILD des souris femelles afin d'étudier ces traumatismes crâniens légers juvéniles. Ceci permettrait de savoir si les marqueurs étudiés et si les réponses obtenues ne diffèrent pas en fonction du sexe des souris. Une des raisons pour lesquelles les souris femelles ne sont pas étudiées en premier lieu est la protection que leur confère les œstrogènes et la progestérone contre les traumatismes crâniens, ce qui en fait une population moins touchée que les mâles.

        De même, il pourrait être envisagé de comparer ces résultats obtenus à d'autres groupes expérimentaux. Par exemple, un groupe de souris adultes ainsi qu'un groupe de souris auxquelles on aurait infligé un traumatisme crânien sévère. On aurait alors quatre groupes expérimentaux : des souris CHILD soumises à un traumatisme crânien léger ou sévère ; et des souris adultes soumises à un traumatisme crânien léger ou sévère. Ce protocole permettrait de savoir si les marqueurs sont bien de différente nature entre un traumatisme crânien léger ou sévère et si ces réponses diffèrent avec l'âge. Il pourrait être montré un changement dans la plasticité de la réponse astrocytaire (i.e. astrogliose réactionnelle) et de la modification structurelle (i.e. tissulaire) au cours de la vie.

        Enfin, pour mettre en évidence des changements au niveau de la plasticité cérébrale, on pourrait envisager une étude longitudinale dans laquelle on comparerait deux groupes expérimentaux : des souris du modèle CHILD soumises à un traumatisme crânien léger et des souris juvéniles contrôles (ne subissant pas de traumatisme crânien). On étudierait ces souris juvéniles pendant quelques mois, jusqu'à leur âge adulte. Ainsi, ce protocole permettrait possiblement de mettre en évidence une incidence à long-terme d'un traumatisme crânien léger sur le développement cérébral des souris CHILD, survenu précocement dans leur développement.

Pour conclure, cet article ouvre de nombreuses potentialités quant à la recherche sur ces accidents fréquents que sont les traumatismes crâniens légers. Le modèle murin CHILD permettrait donc une avancée significative dans la compréhension de l'impact de ces troubles à long-terme et peut-être la découverte de nouvelles pistes thérapeutiques et outils de diagnostique. De façon plus fondamentale, cet article permet de mettre l'accent sur l'importance des astrocytes dans le fonctionnement du système nerveux central normal et pathologique.


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